15ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 3 juillet 2022Avec le Christ ressuscité, choisis la vie
Homélie
Textes bibliques : Lire
Les textes bibliques de ce dimanche nous parlent du grand commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Dans la première lecture, Moïse rappelle au peuple d’Israël que cette loi n’est pas au dessus de nos forces ni hors de notre atteinte. Elle n’est pas au-dessus de nos forces ni hors de notre atteinte. Elle est inscrite au cœur des hommes, même à ceux qui ne le connaissent pas. Avant d’être un visage, Dieu est une voix capable de nous rejoindre au plus proche de notre cœur.
Voilà donc ce grand commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Les scribes et les pharisiens en discutaient à perte de vue. Pour eux, le prochain c’est celui qui fait partie de leurs proches. L’homme blessé au bord de la route en est exclu. Les deux chefs religieux qui passent devant lui s’en détournent. Ils ne veulent pas se rendre impurs au contact du sang de cet homme ; cette impureté les empêcherait de célébrer le culte dans le temple. Mais aujourd’hui Jésus fait voler en éclat cette mentalité. On ne peut pas vraiment honorer le Seigneur si on abandonne les exclus à leur triste sort. L’amour de Dieu ne peut aller sans l’amour du prochain.
Dans cet évangile, les croyants “de métier” n’ont pas la part belle. Le seul que Jésus nous donne en exemple est un samaritain : c’est un homme méprisé : il fait partie d’un peuple où l’on vit une religion à moitié païenne. Mais la loi d’amour dont parle l’Évangile est aussi inscrite dans son cœur. Il s’est arrêté ; il s’est fait proche de cet homme. Le prochain, c’est celui qui fait preuve de bonté envers le blessé. S’adressant aux chefs religieux, Jésus leur fait comprendre que les belles parlottes ça ne suffit pas. Ce qui est premier c’est l’action, c’est de tout faire pour aider le blessé à revivre et à retrouver sa dignité.
Mais en lisant cet évangile, il nous faut faire un pas de plus. Jésus n’est pas là pour nous donner une leçon d’assistance à personne en danger. Les Pères de l’Eglise ont vu dans ce voyageur blessé l’homme déchu, l’homme du péché. Les brigands ce sont les forces hostiles qui nous détournent de Dieu et nous entrainent au malheur. Mais voilà qu’un samaritain “descendait”. Jésus est descendu du ciel ; il nous a pris en pitié. Le vin et l’huile du Samaritain représentent les sacrements institués par le Christ.
Du coup, aimer mon prochain, c’est aimer le Christ qui s’est fait proche. C’est aussi aimer l’Église car “le Christ et l’Église c’est tout un”. Le Christ est mon prochain ; il m’a soigné, chargé sur sa monture et confié à l’auberge de l’Église. Je lui dois donc toute ma reconnaissance. A sa suite, je dois me faire proche de tous les blessés de la vie pour les servir. C’est à notre amour que nous serons reconnus comme disciples du Christ.
Pour aimer comme le Christ, c’est vers lui que nous nous tournons. Saint Paul nous dit qu’il est l’image du Dieu invisible. Pour comprendre sa lettre, il faut se rappeler que Paul s’adresse à des chrétiens qui viennent du monde païen ; ces derniers se croient soumis à des forces mystérieuses. C’est souvent le cas de nos jours : plus la foi diminue, plus les superstitions prennent de la place. Il suffit de voir tout ce qui se dit sur la fatalité, le destin, les horoscopes et les porte-bonheur (ou malheurs) en tous genres. Mais, nous dit saint Paul, aucune “puissance” ne peut prévaloir sur la souveraineté du Christ. Il reste pour nous le “bon Samaritain” venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus.
Notre responsabilité c’est d’achever cette œuvre créatrice de Dieu. Bien sûr, il ne manque pas de prétexte pour ne rien faire : “Je n’ai pas le temps… Je ne connais pas ces gens-là… Il faut se méfier des inconnus…” A ce moment-là, nous risquons de manquer le rendez-vous le plus important de notre vie. A travers le pauvre, c’est le Christ qui est là. Rappelons-nous de l’évangile du jugement dernier (Mt 25) : “J’ai eu faim… j’étais malade… j’étais étranger… et vous m’avez (ou vous ne m’avez pas) accueilli”. En nous racontant la parabole du bon Samaritain, le Christ voudrait nous inciter à remplir notre vie de l’amour qui est en lui et à nous faire le prochain de ceux et celles qu’il met sur notre route.
Ils sont nombreux ceux et celles qui ont suivi le Christ sur ce chemin. Saint Vincent de Paul y a engagé toute sa vie ; de même Mère Teresa, Sœur Emmanuelle, l’abbé Pierre et bien d’autres. Les uns et les autres nous renvoient cette question : “Que fais-tu pour les plus pauvres ?” Il ne manque pas d’organismes qui s’organisent pour la lutte contre la misère. Les chrétiens y sont très présents ; chacun peut trouver sa place que CCFD, au Secours Catholique, ATD Quart Monde.
En ce jour, nous te prions, Seigneur : fais-nous ressembler au samaritain qui fut pris de pitié et releva le blessé. Fais-nous ressembler à Jésus ton Fils qui s’est fait le prochain de chacun de nous. Amen
Sources : Saisons bibliques (L’Atelier), Fiches dominicales, Feu Nouveau,Prions en Église, Missel Communautaire, Pour célébrer l’Eucharistie (Feder), Lectures bibliques des dimanches (Vanhoye), Pensée de Luc (Schönborn)
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« Maître, que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle ? » (Lc 10:25) La question fondamentale qu’un docteur de la Loi n’hésite pas à poser à Jésus. Pourtant il connaît la bonne réponse inscrite dans la Loi de Moïse : l’amour de Dieu et du prochain. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » (Deutéronome 6:5) « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Lévitique 19:18) Probablement, s’est-il demandé : n’y aurait-il pas une autre voie à emprunter que celle de l’Amour ? Il veut en savoir davantage. Il veut bien qu’on lui précise le cercle des personnes à aimer. « Et qui est mon prochain ? » (Lc 10:29) précisa-t-il dans sa question. Jésus l’éclaire par une parabole que nous connaissons tous : ‘Le bon samaritain’. Une explication tellement claire qu’elle suscite d’ailleurs la réponse de la personne qui a posé la question ! Cette parabole constitue à elle seule l’ossature de la doctrine sociale de l’Évangile.
‘Qui est mon prochain ?’ Loin d’être anodine, cette question ne laisse personne indifférent, car souvent, dans nos relations sociales, nous faisons le choix entre les catégories de personnes qui font partie de notre univers ou non… tout comme ce docteur de la Loi ! Jésus déplace l’objet du débat : la question n’est pas de savoir ‘qui est notre prochain’, mais de découvrir comment être le prochain d’autrui. Un renversement radical ! Jésus nous fait comprendre que ‘le prochain’ c’est celui avec qui nous sommes en contact, c’est celui qui nous croise sur notre chemin de vie. C’est aussi bien la personne la plus proche que celle que nous rencontrons au hasard des circonstances… Et ce n’est pas à nous de décider celui ou celle que nous devons aimer. Ce n’est pas à nous de faire le choix de nos relations d’intérêt à partir de notre propre ressentiment, comme si nous sommes le centre du monde. C’est à nous de devenir le prochain de celui qui est sur notre route, quel qu’il soit ! L’important, c’est de nous faire proche de lui. La charité envers le prochain, quel qu’il soit ! C’est cet amour qui témoigne de notre attachement à Dieu. À travers la parabole, Jésus montre à ce docteur de la Loi, et à nous tous, que l’on peut rendre un culte à Dieu et passer à côté d’une véritable démarche qui plaît à Dieu. Il nous met en garde contre le danger d’une pratique religieuse en totale déconnexion avec la charité chrétienne. La foi doit être en harmonie avec la vie !
Le samaritain dans la parabole a pris tout le temps qu’il fallait pour soigner le blessé et ne fait pas le minimum. Il n’a pas hésité à bouleverser son programme de la journée pour secourir une victime se trouvant sur sa route. Son renoncement désintéressé et son abnégation sont frappants. En écoutant le récit, on se dit qu’en toute honnêteté on n’aurait même pas pu en faire la moitié. Le samaritain a fait preuve de cette qualité profonde qu’est la cordialité. Sommes-nous prêts à changer nos habitudes de vie pour venir en aide à une personne qui a besoin de notre service ? Reconnaissons que, des fois, nous avons du mal à nous approcher de certaines personnes. Nous avons peur de nous compromettre avec des gens qui ont une certaine réputation. Nous avons peur de nous mouiller pour les faire sortir d’une situation difficile. Dans ce que nous faisons, c’est la mise en œuvre de nos capacités d’affection et de chaleur humaine qui rectifie ce que nos actions comportent de trop utilitaire. Ce n’est pas parce que nous avons pansé les plaies d’un malheureux que nous l’aurons aimé, on peut soigner un malade sans un regard d’amitié sur lui. La charité ne doit pas être un sentiment éphémère, une vibration de l’épiderme ou un enthousiasme passager. C’est une relation vraie, une communion authentique envers notre prochain, quel qu’il soit ! Jésus n’a pas hésité à proposer au docteur de la Loi d’imiter ce Samaritain pour ‘avoir part à la vie éternelle’.
‘Qui est mon prochain ?’ Une question centrale. Jésus érige l’amour du prochain en règle d’or : « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi. » (Mt 7:12) Ce n’est pas une option mais un commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Mc 12:31) C’est la preuve même de notre attachement à Dieu. L’amour de Dieu se vit à travers tous les petits gestes de la vie quotidienne. L’amour de Dieu se vit à travers tous les petits gestes de la vie quotidienne. Saint Jean affirme : « Si quelqu’un dit : ‘J’aime Dieu’, alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. » (1Jn 4:20) Notre foi n’est vérifiable que dans le concret de nos relations humaines : « N’aimons pas avec des mots ou des paroles, mais en actes et en vérité. » (1Jn 3:18) Ainsi, pour saint Augustin : « L’amour de Dieu est le premier dans l’ordre du précepte, mais l’amour du prochain est le premier dans l’ordre de l’exécution. » Saint Paul insiste : « J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges […] J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes […] J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien. » (1 Corinthiens 13:1-3)
L’amour vrai est un don de soi, un service concret et efficace. Le ‘bon samaritain’ nous est donné en exemple. « Va, et toi aussi fais de même » (Lc 10:37) nous dit Jésus.
Nguyễn Thế Cường Jacques
Je bois avec foi et action de grâce à cette source des commentaires bibliques bien outillés bilbiquement et spirituellement. Mille mercis à Jean et Nguyën. Le Seigneur vous bénisse et vous rend aussi heureux que ceux qui se ressourcent chez vous.